camille renarhd

tierra

Mon travail se déploie en nomade, reliant des territorialités géographiques et interculturelles m’inspirant grandement par leur esprit des lieux : entre autres, Tiohtiá:ke / Mooniyang / Montréal (métropole voisine de la nation Kanien’kehá: ka de Kahnawake et de Kanehsatà:ke), amiskwacîwâskahikan / Edmonton (territoire de la Première nation Crie Papaschase et de la nation Métisse), les Vosges (aire de mes ancêtres alsacien·nes et Cht’i·es), Morelia (terre ancestrale de la nation p’urhépecha) et Mérida (site immémorial des Itzas, des Xius et des Cocoms).

Je reconnais que d’avoir la possibilité de circuler, de créer et d’écrire chez et parmi leurs descendant·es, alors que leurs ancêtres se sont vu·es historiquement interdire violemment la pratique de leurs danses et de leurs cérémonies, tout en ne cédant rien, est un privilège.

poche

Depuis quinze ans, ma recherche est axée autour du corps : décor, corps filmés, corps en marche, corps dansés. J’utilise la danse, le travail de l’image, le son, comme des médiums au service d’un propos qui trouve son origine dans le corps social / poétique / biologique. Les processus mis en place, l’expérimentation, la recherche, les collaborations sont essentielles et je les considère comme aussi importants que les œuvres produites.

Mon travail se construit en dessinant des poches : « des poches de résistance »1. La richesse de cette terre est contenue dans sa diversité. Si résister à la conformité, à la production de masse, à la consommation de masse commençait par une célébration à la diversité produite et contenue dans nos Corps et nos Territoires : Intérieurs / Géographiques / Imaginaires.

Résister est un Art. Résister est une Danse. Sculpter l’espace comme une architecte-guérillera, avec d’autres, défricher et semer la terre, cocréer des poches de résistance : Performances-installation In Situ, Pièces de Land Art Multimédias, Partitions Sonores et Visuelles.

S’agit-il d’art ? S’agit-il d’écologie ? Il s’agit de dessiner, colorier, assembler, bâtir un monde pouvant contenir d’autres mondes, pouvant contenir tous les mondes. Et de les célébrer.

1 “Ainsi ce que nous avons ici est une poche de résistance, mais je n’y attache pas beaucoup d’importance. Les exemples sont aussi nombreux que les résistances et aussi divers que les mondes de ce monde. Dessinez donc l’exemple qui vous plaira. Dans cette affaire des poches, comme dans celle des résistances, la diversité est une richesse.” Subcomandante Marcos (2007), dans Pourquoi nous combattons.

animale

(elle, iel)

Je suis une artiste trans(e)_disciplinaire et une chercheure qui vit et travaille à Tiohtiá:ke/Mooniyang/Montréal. Je me passionne pour les processus collectifs-créatifs-activistes-poétiques-politiques, en un seul mot, m’intéresse aux dramaturgies fugitives des corps et des éléments et aime converser avec les lieux, les arbres, les rivières, les lumières et les poussières.

Après des études en arts visuels (École Boulle, Paris) et en scénographie (École Supérieure des Arts et Techniques du Théâtre, Lyon), je passe un an à Lomé (Togo), développe des ateliers de recherche interdisciplinaire sur la question de l’animiste dans l’art contemporain et suis initiée aux danses traditionnelles Kotokolis du nord du Togo. À mon retour d’Afrique, je fais partie du groupe international de recherche en chorégraphie ESSAI au Centre National Supérieur de Danse Contemporaine d’Angers, sous la direction d’Emmanuelle Huynh. Entre 2009 et 2012, je vis à Mexico, enseigne au Centre d’Investigation Chorégraphique (CICO) et suis invitée à danser dans un cercle rituel Mechica par l’Abuela Malinalli (Maria Soto), expérience qui transforme profondément mon travail et ma vision du monde. En 2014, je cofonde avec Catherine Cédilot à Tiohtiá:ke/Montréal le Studio Élan d’Amérique – comme l’animal – dédié à la recherche-création en performance et arts connexes.

Au début de ma carrière, je me glisse dans les projets des danseureuses Boris Charmatz (FR), Benoit Lachambre (CA), Loic Touzé (FR), Christine Quoiraud (FR), suis interprète pour les chorégraphes Deborah Hay (É-U) et Catherine Baÿ (FR), puis développe mes propres projets interdisciplinaires. Je collabore avec les artistes Tania Solomonoff (MX), Jenny Abouav (FR), Charley Case (BE), Andreas Rathgeb (CH) et plus récemment avec la chorégraphe Lin Snelling (CA), les musiciens Islem Ben Fraj (TN), Oscar Coyoli (MX) et la danseuse Mathi LP (CA).

Mon travail a été présenté dans des lieux dédiés autant aux arts vivants qu’aux arts visuels : Agora de la danse, Montréal; Palais de Tokyo, Paris; Centro Nacional de las Artes, Mexico; Los Talleres, Mexico; Institut d’Art Contemporain, Lyon; Festival UnDrum, Suoni Per Il Popolo, Montréal; La Gaîté Lyrique, Paris; Festival Sound Symposium, Saint-Johns, Terre-Neuve; Festival D’Abord les Forêts, Maison Laurentine Centre d’Art en Milieu Rural, France; Arts Based Research Studio, Edmonton; Mile Zero Dance, Edmonton.

En 2015, s’ouvre une nouvelle page de vie, alors que je décide de me lancer dans un doctorat en Études et Pratiques des Arts entre Tiohtiá:ke /Montréal (UQAM) et amiskwacîwâskahikan/Edmonton (Université de l’Alberta). En 2017, j’obtiens le prix CATR (Canadien Association for Theater Research) pour chercheure émergente, pour le texte Wni Wiconi, Water Rituel in a contemporary artistic and political context et le prix Image of Research de l’Université de l’Alberta, pour la performance La distancia que nos aproxima

Performance rituelle en art actuel : de l’immersion In Situ à la mise en œuvre de l’acte performatif est le titre de ma thèse doctorale, récemment terminée en 2021, pour laquelle j’ai obtenu le prix Mérite Meilleure Thèse de l’Université du Québec à Montréal.

Après un passage (2019-2021) par la salle de presse de CBC-Radio-Canada comme recherchiste pour la radio, puis comme journaliste multiplateforme, j’obtiens une bourse postdoctorale du Fond de Recherche du Québec Société et Culture (FRQSC) pour continuer à développer mes recherches au Centre for Interdisciplinary Studies in Society and Culture (CISSC) à l’Université Concordia (Montréal). Entre le Québec, la France et le Mexique, j’explore de nouveaux potentiels d’enseignement et d’apprentissage expérientiel en inter-tissant danse, improvisation, dialogue oral et écriture créative au sein de deux dispositifs performatifs conceptualisés durant ma thèse : Keep Performing et Embodied Talk. Je participe aussi à plusieurs projets interdisciplinaires – danse, écologie, biologie, histoire – coordonnés par David Gutiérrez, chercheur en art actuel et études de la performance de l’Université Nationale Autonome du Mexique (UNAM) et développe deux projets de création In Situ au Michoacan : autour du Lac Cuitzeo et du lac de Zirahuen, en territoire p’urhépecha.

Depuis juin 2023, je suis professeure à l’École Supérieure de Théâtre à l’UQAM où j’enseigne le mouvement (danse, art performance, approches somatiques), les processus de création et la méthodologie de recherche-création.

Je fais aussi partie depuis 2021 du Groupe de Recherche PRint – Pratiques interartistiques et scènes contemporaines , dirigé par Marie-Christine Lesage et suis membre du comité de rédaction de l’Extension Recherche-Création de la Revue Percée.

Mes travaux actuels explorent les intersections entre rituels performatifs, danse, écologie politique, somatiques, art sonore et espaces de soin